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Réflexions


Devant l'étonnement des uns, l'inquiétude des autres, l'enthousiasme pour certains, voir le mutisme total, qu'a suscité l' annonce de notre départ, je m' interroge ce soir, sur la vrai raison de cette décision. J' aime à imaginer qu' elle aurait été la mienne si un ami cher, que je savais sensé, m' avait claironné une telle résolution. J' aurais sans nul doute ressenti de l'admiration, de l'envie, des images seraient apparues devant mes yeux, me transportant ainsi des contrées désertiques de l'Australie aux gaths de l'Inde en passant par les visages troublés de curiosité des enfants sur les berges du Mékong. En une fraction de seconde j'aurais été saisie par l'évocation même du mot voyage. Mais qu'est-ce que le voyage réellement? Une fuite, un état d'esprit ou simplement un désir profond de découvrir le lointain et de mieux se connaître...un tout, peut-être, qui fait qu' un jour on décide de se couper de toute logique, de tout repère parce que c'est le moment. Une crise d'adolescence, en quelque sorte, sur le tard, un besoin de s'affirmer ou tout simplement un rejet de ce qui est conventionnel. Ressentir un besoin de faire plus, peut-être quelque chose de plus marquant qu'un départ au Canada, quelque chose qui me résume mieux aujourd'hui. Et surtout l'envie de donner cette chance à mon fils, de voir à travers ses yeux d'enfants ce que l'on met des années à comprendre. C'est en quelque sorte un racourci que je lui offre, certains diront une ouverture d'esprit, un regard différent. Parce que je pense que l'on ne peut pas rentrer indemne d'un tel périple, et c'est ce que je souhaite pour lui, pour moi, et pour notre vie future. Il y aura désormais, l'avant et l'aprés.
Aprés deux ans d'errance professionnelle dans une Amérique du Nord hostile, on ne peut que s'interroger sur la direction que doit prendre sa vie à ce moment précis. Rentrer ou repartir? Telle a été la question fondamentale de ces derniers mois. Partir, fut la réponse. Parce qu' au fond de moi, je sens encore ce besoin de connaître autre chose, d'explorer, de m'étonner des merveilles du monde, de la beauté époustouflante de la nature, de me réveiller un matin devant le spectacle fantastique d'un monastère tibétain, de sentir à nouveau les odeurs des marchés d'asie, d'avoir le temps d'apprécier les plaisirs simples. J'ai envie d'oublier quelques temps, la frénésie de notre rythme occidental, pour n'être guidée que par une intuition, un désir, ou une atmosphère. Une liberté d'une année, sans contrainte aucune.Juste le plaisir de vivre au jour le jour d'une contrée à l'autre, guidés par la beauté des choses, des âmes et des rencontres.
Aprés, et seulement aprés, il sera temps de reprendre mes esprits au sein d'une famille et des amis que j' aime tant, tout en ne perdant jamais de vue cette expérience extraordinaire que nous aurons vécu.
Nous rentrerons grandis, je le pense, enrichis d'émotions nouvelles, de perceptions différentes, sans doute transformés, mais prêts à s'investir à nouveau et pour longtemps.